Dans une ruelle tranquille de Midoun, au l’île de Djerba, les pierres murmurent les secrets d’un temps révolu, mais beau. Là se cache un huilerie à huile d’olive souterrain, connu de peu et conservé par la mémoire collective : L’huilerie El-Fessili, le plus ancien huilerie à huile souterrain de la ville, et l’un des symboles du patrimoine djérbien presque oublié.

Rien ne trahit sa présence en surface. Une petite porte mène à un escalier étroit de pierre qui descend profondément sous terre. Chaque marche descendue est une plongée dans les couches du temps, jusqu’à une vaste salle silencieuse, où flotte l’odeur de l’huile, et les murs témoignent. Ce lieu n’est pas qu’une ruine, c’est un être vivant, comme s’il attendait encore sa prochaine récolte.

L’huilerie a été construit selon une ingénierie locale ingénieuse, où les habitants de Djerba ont maintenu une température modérée sous terre pour faciliter le pressurage manuel, loin des aléas climatiques.

Pas de machines modernes, pas de bruit mécanique … seulement des outils rudimentaires : pierre, bois, et la volonté des paysans.

C’est précisément ici que vous serez interpellé par les paroles de Wajdi Borji, guide touristique natif de Midoun, qui regarde ce lieu d’un œil différent.
D’une voix calme et assurée, il déclare :
« Le tourisme culturel n’est pas une simple promenade pour prendre des photos, c’est un retour à soi. Au L’huilerie El-Fessili, nous ne voyons pas seulement comment on pressait l’huile, mais nous comprenons comment on vivait, comment on patientait, et comment on a fait de l’olivier une histoire de vie. »

Wajdi n’est pas un guide traditionnel, mais un conteur qui sait écouter le lieu avant d’en parler. Chaque visiteur est pour lui un invité dans une mémoire vivante. Il traite chaque détail du moulin comme un document précieux, digne d’attention et de méditation.

Wajdi explique que L’huilerie El-Fessili n’était pas seulement un lieu de travail, mais aussi un carrefour social et économique.
« L’huile était une monnaie, un moyen de vie, une source de fierté … Les paysans venaient ici avec les fruits de leur travail, attendant que l’olivier se transforme en or vert. »

Dans un coin, Wajdi montre un puits intérieur qui servait à refroidir l’eau et conserver l’huile. À côté, une grande cuve où les impuretés étaient filtrées. En face, les vestiges d’une grande roue en bois actionnée manuellement. Chaque pièce raconte un chapitre d’un livre ouvert, inépuisable.

Aujourd’hui, malgré son silence, L’huilerie continue de produire quelque chose… pas de l’huile, mais du savoir et un lien spirituel avec l’histoire. Wajdi refuse que ces lieux restent muets et croit que son devoir, en tant que fils du pays, est de leur redonner vie, ne serait-ce qu’avec une parole ou une visite qui éveille les questions du visiteur.

Il sourit en disant :
« Parfois, les gens passent sans même le remarquer… mais moi je le vois chaque jour, et je l’entends m’appeler pour ne pas l’oublier. »
Cette détermination personnelle de Wajdi est ce qui rend possible le tourisme culturel : quand une personne devient gardienne de la mémoire, non pour le profit, mais pour la continuité.

À la fin de la visite, le visiteur sort du L’huilerie transformé. Non seulement parce qu’il a appris quelque chose de nouveau sur l’olivier ou Djerba, mais parce qu’il a touché un passé silencieux et compris comment une pierre, un vieux puits, ou un jeune homme nommé Wajdi, peuvent changer sa façon de voir le monde.