La délégation de Ben Guerdane, située à l’extrême sud-est de la Tunisie dans le gouvernorat de Médenine, est une porte frontière reliant la Tunisie à la Libye. Mais elle est également un espace agricole et pastoral riche en ressources animales, avec au premier plan les chameaux, qui représentent une partie intégrante de l’histoire et de la culture de la région.
L’élevage des chameaux à Ben Guerdane n’est pas seulement une activité agricole, c’est un mode de vie transmis de génération en génération. Les chameaux ont longtemps été liés aux nomades et aux bédouins, fournissant transport, nourriture et vêtements.
Aujourd’hui, Ben Guerdane préserve cette richesse animale comme l’un des principaux foyers de chameaux en Tunisie. Le cheptel est estimé à plusieurs milliers de têtes, réparties sur de vastes pâturages naturels s’étendant sur des terrains désertiques.
La géographie et le climat de la région favorisent cette activité. Les terres arides et la faible pluviométrie offrent un environnement idéal pour le pâturage en liberté, ce qui rend les chameaux plus adaptés que d’autres animaux.
Les éleveurs de Ben Guerdane accordent une attention particulière à leurs troupeaux. Ils supervisent leurs déplacements quotidiens et transmettent des savoir-faire précis en matière de croisement, de sélection et de soins sanitaires, contribuant ainsi à la préservation de races authentiques.
Un éleveur explique : « Depuis mon enfance, je garde des chameaux. Ce ne sont pas seulement des animaux que j’accompagne dans les pâturages, ils font partie de ma vie et de ma mémoire. Mon lien avec eux dépasse une simple sensation passagère ; ils sont mes compagnons, ma source de revenus et un symbole de mon attachement à cette terre et au désert. »
Pour Mr Salah, l’un des éleveurs les plus connus de Ben Guerdane, « les chameaux représentent tout pour moi. Ils sont ma vie et mon gagne-pain. Sans eux, je ne peux pas imaginer mon existence ici. Ils m’ont accompagné dans mes joies et mes peines, et restent le secret de ma force et de ma résilience. »
Le rôle des chameaux ne se limite pas à l’élevage. Le lait de chamelle est très demandé localement et nationalement pour ses propriétés sanitaires, la viande est prisée sur les marchés, et leurs peaux et poils sont utilisés dans l’artisanat traditionnel.
Ces dernières années, l’intérêt pour cette richesse s’est accru avec l’intégration dans de nouvelles activités telles que le tourisme saharien et les sports liés aux dromadaires, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour le développement local.
Malgré ces opportunités, l’élevage des chameaux fait face à plusieurs défis : soutien limité aux éleveurs, fluctuations du marché, infrastructures insuffisantes et impact des changements climatiques sur les pâturages naturels.
De nombreuses voix appellent à une stratégie nationale pour promouvoir l’élevage des chameaux, en soutenant les éleveurs, en encourageant les industries de transformation et en ouvrant de nouveaux marchés pour les produits dérivés.
Ainsi, malgré les difficultés, Ben Guerdane reste un symbole de l’agriculture désertique et un trésor agricole unique en Tunisie. Les chameaux ne sont pas seulement une richesse matérielle, mais une mémoire vivante et une identité enracinée qui font de cette région un pôle exceptionnel pour l’élevage et la préservation des chameaux pour les générations futures.
